À plusieurs reprises, je parle de l’attention que nous devons mener face aux fake news. Il est important de vérifier un certain nombre d’informations qui composent l’actualité telles que la source, la pertinence des arguments, la date de publication (actualisation de l’information). Si le sujet en question est trop controversé, alors nous pouvons nous référer au consensus scientifique.
Cependant, je viens de m’apercevoir que parfois des scientifiques de renommée internationale, peuvent dire des énormités. Nous allons faire un tour d’horizon et comprendre que de l’argument d’autorité peut frapper à la porte à n’importe quel moment ; l’ultracrepidarisme.
Ultracrepidarien
Tout d’abord un mot sur le titre de cet article. L’ultracrépidarianisme (le fait d’être ultracrepidarien) remonte du latin. L’expression latine » Sutor, ne ultra crepidam « , telle que définie par Pline (je te raconte l’histoire un peu plus bas) et modifiée par la suite par d’autres auteurs latins en » Ne ultra crepidam judicaret « , peut être interprétée comme :
Un cordonnier ne doit pas juger au-delà de ses propres semelles. Sutor signifie cordonnier et crepidam, une sandale.
Un brin d’histoire latine
Ultracrepidarien, quelqu’un qui donne son avis sur des sujets au-delà de ses connaissances, vient d’une allusion latine. L’écrivain latin Pline a reporté des faits d’Apelles, le célèbre peintre grec qui était un contemporain d’Alexandre le Grand (oui il s’appelle Apelles…).
Ce peintre mettait ses photos là où le public pouvait les voir, puis il se cachait. Il se cachait assez proche de ses peintures afin qu’il puisse écouter leurs commentaires. Un jour, un cordonnier reprocha au peintre d’une boucle en moins sur sa sandale, qu’Apelles corrigea tout de suite.
Le cordonnier, enhardi par l’acceptation de son point de vue, a alors critiqué la jambe. A cela, Apelles aurait répondu que le cordonnier ne devrait pas juger au-delà de ces sandales.
En d’autres termes, l’émetteur des critiques ne devraient commenter que des choses dont il en sait rien. [Source]
Avoir un prix Nobel, une preuve d’autorité ?
Luc Montagnier
Le cas d’ultracrepidarisme (ou dois-je dire d’ultracrepidaire?) récent est celui de Luc Montagnier. Il a eut le prix Nobel de médecine en 2008 pour avoir (avec son équipe dont la chercheuse Françoise Barré-Sinoussi) réussi à isoler le virus du SIDA.
Il a affirmé le 16 avril dernier que le virus du coronavirus est issu d’un accident de laboratoire chinois. Ces propos se basent sur aucun fait prouvé.
Luc Montagnier tient aussi des thèses comme la mémoire de l’eau, la téléportation de l’ADN, le traitement de Parkison avec de la papaye fermentée… [Source]
Peter Duesberg
Peter Duesberg, reconnu pour son apport important sur la connaissance des bases génétiques du cancer. La page Wikipédia annonce plus de 10 distinctions scientifiques mondiales.
Ses travaux ont démontré une corrélation mathématique entre le nombre de chromosomes et l’instabilité génétique des cellules cancéreuses, qu’ils ont surnommé « le facteur de ploïdie ».
Pourtant Peter pense que le SIDA vient des drogues et n’a rien à voir avec un virus.[Source]
Fred Hoyle
Fred Hoyle a formulé l’hypothèse de la nucléosynthèse stellaire (et inventé l’expression « Big Bang »). Il pensait aussi que les épidémies étaient causées par les comètes, que l’Archeopteryx était un fake, et que le pétrole n’avait pas d’origine organique.[Source]
La liste est bien plus longue, tu peux trouver d’autres chercheurs avec des passifs particuliers malgré leur découverte majeure dans leur domaine dans le tweet de Leo Grasset.
Et nous ? Ultra creepy de rien
La culture c’est comme de la confiture, moins on en a, plus on l’étale. Nous sommes tous plus ou moins ultracrepidarien car nous essayons tous de donner notre avis sur « tout » les sujets. Il n’est pas interdit de dire ce que nous pensons, nous pouvons avoir une opinion sur n’importe quel sujet. L’important est dans le débat.
À mon humble avis, le plus important c’est d’étayer des arguments solides et viables et débattre sur les arguments de son interlocuteur et non sur son pédigrée. Le biais de confirmation nous empêche de voir ce que nous ne savons pas. La preuve d’autorité des scientifiques nous aveugle sur leur jugement en pensant qu’ils ont justes.
Il faut savoir que la science est une démarche d’observation et de vérification. C’est un processus qui a pour but de découvrir des vérités, des phénomènes et de les expliquer. Il y a toujours un doute, c’est pour cela qu’il faut toujours vérifier les informations et les hypothèses. Le doute est une étape indispensable pour avancer. Pour conclure, d’après moi, il faut toujours douter de tout et surtout de soi-même.
La science est un outil de compréhension du monde. Elle permet d’expliquer le monde et d’anticiper les conséquences futures sur la planète et les êtres vivants. Elle est un outil de recherche et d’innovation. Elle permet de trouver des solutions aux problèmes qui se posent à nous. Elle est un outil de développement économique et social.
La science est un outil de progrès.
En plus d’un nouveau mot pour briller en société et enfin lors de ton prochain vidéo call Messenger, j’espère que la prochaine fois que tu liras un article d’actualité qui énonce « certains scientifiques disent… », pense à vérifier les croyances de ces scientifiques !