Factfulness – Comment devenir factuel dans son opinion ?

Ce livre m'a ouvert les yeux et a enrichit mon esprit critique. Nous sommes dans l'ère de la connaissance, seulement nous devons redoubler d'attention et ne pas se situer sur la gauche dans l'échelle Dunning-Kruger !

J’ai trouvé LE livre de l’année 2019 ! Courez l’acheter immédiatement ! Bon si tu veux savoir pourquoi je suis emballé comme ça, voici le sommaire :

Hans Rosling : un personnage incroyable

En ce début d’année, je suis ravi de poursuivre mon défi un livre par mois (même si je cumule un peu de retard en ce moment !). La lecture d’un livre comme celui-ci est très gratifiant. En effet, il se dévore littéralement et dans lequel on apprend des tonnes d’informations ! À vrai dire, c’est tout un personnage cet auteur (malheureusement décédé il y a peu de temps). Je te mets une vidéo YouTube, une star des conférences TED.


Voici l’une de ces vidéos avec son fils – sous-titres en français disponible

J’avais vu sur Twitter quelques tweets sur son livre. Je l’avais ajouté dans ma wish list, mais il y a quelques mois déjà et du coup le livre s’était retrouvé pratiquement tout en bas de la pile.

Un jour, j’ai flâné à la Fnac et je ne voulais pas partir sans acheter un livre. J’ai vu Factfulness, et je l’ai pris « instinctivement ». Le meilleur choix que j’ai pu faire !

13 questions simples

L’axe principal du livre tourne autour de 13 questions relativement simples, mais personne n’a eu 13/13 ! Il a interrogé 12 000 personnes dans 14 pays différents. La meilleure note fut un Suédois avec 12/13 et c’est le seul !

Encore plus inquiétant, 15 % des sondés ont eu 0/13. Si nous donnons ces questions à des singes, l’auteur s’explique, si nous répondons par « chance », alors nous obtiendrons statistiquement la note de 4/13.

Alors, comment est-il possible que des hommes et des femmes puissent répondre tout faux ?

Que veut dire factuel ?

L’intuition humaine, celle qui a permise à notre espèce d’être là aujourd’hui, est le fruit d’une évolution graduelle, un outil ô combien important donc. L’intuition est constituée d’éléments psychologiques ancrés profondément et d’une performance redoutable. En effet, nous sommes capables en un coup d’œil de voir un serpent ou un visage qui pourrait nous être hostile en une fraction de seconde.

Ces éléments psychologiques forment nos jugements et nos prises de décisions. L’ensemble de nos expériences forme un conditionnement. Être factuel est précisément la capacité à prendre une décision en fonction des faits.

Nos biais, notre faiblesse

Pourtant, elle est aussi l’un de nos pires défauts. En effet, ces éléments sont aussi constitués de biais psychologiques. J’ai trouvé cette liste qui recense environ 200 biais !

200 manières de pouvoir nous influencer en quelque sorte ! C’est incroyable !

Alors pourquoi 15 % des sondés ont répondu complètement faux, sont-ils moins intelligents ? Bien sûr que non, répondre « faux » signifie que le choix a été orienté (et pas dans le bon sens !). Leur vision du monde a été façonnée par des informations non mises à jour et/ou par des biais.

Mon score : 6/13

Quand j’ai parcouru les questions, je les ai trouvées relativement simples. Je pensais répondre plutôt correctement. Genre, j’imaginais avoir 2, voire 3 fautes maximum, car j’ai longtemps hésité sur ces questions. Mais je n’ai eu que la moitié des points !

Toute erreur est l’occasion d’en apprendre davantage, c’est l’une des raisons de pourquoi j’ai tant aimé ce livre.

L’ère de la connaissance

Je dis souvent aux étudiants que nous sommes dans l’ère de la connaissance. En effet, nous avons accès aux informations peu importe où nous nous trouvons et peu importe la question. Majoritairement 5 minutes de recherche sur Google et nous obtenons une réponse satisfaisante. C’est aujourd’hui une habitude de ne fonder son opinion et d’en comprendre le monde.

Généralement, nous avons des a priori, des biais qui nous poussent à répondre rapidement comme si la réponse « allait de soi ». Alors que dans les faits, ce n’est pas du tout le cas.

La Terre sera-t-elle surpeuplée ?

L’auteur nous parle d’un biais très connus, celui de la « ligne droite ». Lorsque nous voyons un graphique, nous imaginons une courbe qui continue. En l’occurrence, lorsque nous regardons la courbe de la démographie, on ne peut s’empêcher de croire que la courbe ne se « tassera » pas.

Dans les faits, la démographie augmente quand le taux de natalité augmente et le taux de fécondité augmente aussi. Nous constatons que tous les pays, en tout cas une population s’enrichit, le taux de natalité augmente et le taux de fécondité diminue.

En 1800, l’Europe et les États-Unis (enfin les colonies de l’époque), le taux de fécondité était aussi de 7 enfants par femme. L’Europe et les États-Unis ont augmenté leur ressource financière, crée un système de santé plus efficace et le taux de fécondité a baissé.

Dès lors, il est possible avec une grande acuité de prédire combien nous serons sur Terre est 2100. Selon l’ONU, entre 9 et 13 milliards d’individus.

Le nombre d’enfants n’est pas corrélé avec la nationalité, le pays, la zone géographique ou la religion du pays, mais à sa richesse. Le graphique nous montre également qu’un changement minime comme une disparité du taux de fécondité de 0,5 a un impact significatif. Cela rappelle les effets de queue décrit par Nassim Taleb dans son livre.

Gapminder

Un outil formidable crée par la famille d’Hans Rosling. Je te laisse regarder le site. En tout cas, je suis passé des heures dessus à regarder les bulles évoluer au cours des années. À chercher des corrélations entre taux de fécondité et PIB par habitant, de regarder la disparition de l’extrême pauvreté, etc.

Une nouvelle échelle

Hans Rosling a créé une nouvelle échelle pour situer la richesse des pays du monde. Au lieu de prendre le PIB par habitant, il a pris ce que nous sommes capables de dépenser par jour :

  • 0 à 2 dollars par jour (extrême pauvreté) – 961 millions de personnes
  • 2 à 8 dollars par jour – 4 milliards de personnes
  • 8 à 32 dollars par jour – 1,12 milliard de personnes
  • Supérieur à 32 dollars par jour – 1,59 milliard de personnes

Il est possible d’avoir une coquille sur son CV et de ne jamais avoir d’emploi, et être de haut responsable et ne pas savoir comment le monde fonctionne.

Factfulness : une nouvelle manière de voir les informations

Maintenant, j’opte pour un nouveau réflexe, celui d’apprendre à repérer et à inciter à chercher les données avant de me faire mon opinion. Tout récemment, un spécialiste de l’économie affirme que la France est dans une impasse, car le nombre d’heures travaillées est trop faible pour subvenir aux frais de l’État. A-t-il une saine habitude « factfulness » ou est-il dans une stérile opposition binaire ?

Au vu de l’argumentaire et de la comparaison des autres pays, on pourrait lui donner raison. Pourtant j’ai activé mon réflexe « factfulness » et essayer de comprendre s’il y a une corrélation entre le nombre d’heures travaillées et création de richesse. Tout comme penser qu’en Afrique, ils font plus d’enfants (taux de fécondité élevée) car ils sont africains, le nombre d’heures travaillé signifie-t-il à lui seul la productivité du pays ?

D’après ma petite analyse, je vois que selon l’OCDE, il y a bien une corrélation entre la diminution du nombre d’heures travaillée et la productivité d’un pays. Par exemple, aux Pays-Bas, 1ᵉʳ pays qui possède le plus de job à mi-temps est classé 5ᵉ en termes de productivité horaire. (Source OCDE). Certaines personnes ont un biais qui les confortent dans leur position, mais je vois de manière factuelle que ce n’est pas le cas.

Les data doivent parler

Pour conclure, ce livre m’a ouvert les yeux et enrichit mon esprit critique. Nous sommes dans l’ère de la connaissance, seulement, nous devons faire attention à « comment nous l’ingérons » ! Je suis devenu factfulness !

Consommer des informations sans se poser de question est très dangereux. Nous pensons savoir alors que nous ne savons pas. Et plus nous apprenons sur un sujet, plus, nous constatons que ce sujet est bien plus complexe qu’on ne le pensait !

Il est nécessaire de développer notre manière de discuter, de partager, d’échanger et de comprendre les mécanismes. Et je terminerai par un graphique qui, chaque jour, je trouve qu’il prend de plus en plus d’importance.

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