La guerre des intelligences

Dr Alexandre fait le travail très difficile de prospective, d'imaginer ce que sera la vie en 2080. Cela parait loin mais ma fille a 18 mois aujourd'hui, elle aura donc 64 ans en 2080. C'est renversant !

Ce mois-ci j’ai terminé ce livre (ou en format poche) qui est le plus passionnant de 2017 (je l’ai reçu en novembre). Dr Alexandre fait le travail très difficile de prospective, d’imaginer ce que sera la vie en 2080. Cela parait loin mais ma fille a 18 mois aujourd’hui, elle aura donc 64 ans en 2080. C’est renversant et intéressant de s’imaginer ce que la vie sera. Le thème principal est l’inertie impulsée par les nouvelles technologies en confrontant la vision des grands platerformistes (GAFAMI / BATX) versus celle des politiciens. En d’autres termes c’est le combat du nouveau monde contre l’ancien monde.

Laurent Alexandre est connu pour ses punchlines acides sur des domaines tels que l’éducation, l’attitude des politiques face à l’IA et les pouvoirs de plus en plus démiurgiques des GAFA.

Ce livre est une mine d’information, je ne sais pas par quoi commencer pour le décrire. Chaque page apporte son flot d’informations et de contestations.

A qui est destiné ce livre

Cet ouvrage pose des questions intéressantes et a une vocation de vulgariser les technologies actuelles. Nous sommes confrontés à un tsunami numérique et l’auteur apporte une vision claire ainsi que des questionnements pour qui veut s’instruire sur le sujet.

La guerres des intelligences est déclarée

Les intelligences de la Silicon Valley versus les intelligences des politiques Européens

Autant ces questions sont d’une importance capitale pour les politiques. L’auteur demande aux politiques de se bouger car les choses avancent très vite. Et les questions fulminent, sommes toutes très intéressantes.

Google pense à 1000 ans alors que les politiciens pensent à 5 ans.

Par exemple, aurons-nous le droit de ne pas obéir à l’IA ? (page 292) Surtout si celle-ci sera meilleure que l’Homme. En effet dans l’un de mes derniers écrits, j’émets l’idée que l’IA est devenue le stéthoscope du XXIe siècle. Si une IA est plus performante que nos médecins, mais que nous voulons quand même que ce soit un médecin qui nous diagnostic, aurions-nous le droit de ce choix ? Si l’IA est vue comme la ceinture de sécurité la réponse est évidemment non.

Des nouveaux métiers d’avenir

Cela pourrait impliquer de nouveau métier tel suggéré par l’auteur. Éthicien de l’intelligence serait un métier du futur, il aurait pour tâche de trouver la responsabilité d’une action apporter par l’Homme alors que la machine est plus performante. Comme cité précédemment, laisserions-nous des médecins pratiquer leur discipline alors que l’IA aura un taux de performance plus élevé ? Ou devra-t-on conduire et potentiellement tuer des gens sur la route et se mettre également en danger (voir mon expérience depuis mon balcon). Alors que la conduite autonome permettra une fluidité de circulation optimale et une sécurité accrue ? Et en substrat voilà bien le fond de son oeuvre littéraire : le conflit de l’Intelligence cérébrale versus l’Intelligence Artificielle.

Le bateau de Thésée

D’après la légende grecque, rapportée par Plutarque, Thésée serait parti d’Athènes combattre le Minotaure. À son retour, vainqueur, son bateau fut préservé par les Athéniens : ils retiraient les planches usées et les remplaçaient — de sorte que le bateau resplendissait encore des siècles plus tard — jusqu’au point où il ne restait plus aucune planche d’origine.

Alors, deux points de vue s’opposèrent : les uns disaient que ce bateau était le même, les autres que l’entretien en avait fait un tout autre bateau. Le problème est de savoir si le changement de matière implique un changement d’identité, ou si l’identité serait conservée par la forme/fonction, ou encore d’une autre façon ?

En philosophie, pour les fonctionnalistes, la fonction est le plus important. Le bateau appartient à Thésée car la fonction est toujours la même. Idem pour notre cerveau, la fonction n’est pas forcément biologique, une autre forme peut créer l’intelligence. Qu’en est-il pour notre conscience ?

synapse
Réseau de neurone biologique

cerveau virtuel
Réseau de neurone artificiel

Ainsi sur la gauche tu vois mieux le « bateau construit pièce par pièce« . Pour les fonctionnalistes, peu importe la matière, que ça soit en silicium ou en matière grise la fonction reste la même.

L’école existera-t-elle dans 15 ans ?

Le rôle et la forme de l’école doit se métamorphoser dès aujourd’hui

M. Alexandre évoque surtout le rôle et la forme de l’école du futur. Cette mutation doit commencer maintenant. D’une part, parce que d’autres pays ont déjà commencé cette démarche prolongeant de fait notre retard. D’autre part car la technologie (notamment NBIC) donne une panoplie de techniques d’amélioration en tout point (eugénisme, neuro-augmentation etc.).

Nous apprenons également le rôle génétique et épigénétique de l’intelligence (page 113) et qu’aucune nouvelle méthode n’est employée dans les écoles. L’école a très peu changée depuis le XXe siècle. Je rejoins son point de vue ici et . Par conséquent, l’école n’est pas du tout adaptée à nos jeunes cerveaux.

Nous allons devenir les esclaves de l’IA

Nous découvrons avec stupéfaction que si l’IA forte adviendra (et M. Alexandre l’affirme) l’IA ne coopérera pas. Il appuie cet argument par la théorie des jeux, le jeu de Nash, plus précisément. Alors qui voudra de la vraie vie ? En parallèle j’ai écris un billet sur la classe inutile, ces personnes qui ne seront pas aptes à travailler, car inemployables. Mais peut-être trouveront-ils une vie plus trépidante dans une simulation ? Comme cette catégorie, tout le monde voudra vivre dans une autre « univers ». Une réalité virtuelle plus plaisante que la vraie vie. Ce scénario est proche de celui de Matrix, où les cerveaux sont branchés dans un programme.

Androrithme

Au lieu de parler de confrontation « algorithme » versus « cerveau biologique », nous parlions d’androrithme. En effet, nous sommes actuellement dans la coopération car nous utilisons l’IA pour nous aider. Il faut bien l’admettre elle nous rend bien service !

L’auteur affirme que la conscience artificielle n’est qu’une duplication de notre cerveau. Je suis contre l’auteur sur ce point. Selon moi l’IA ne sera jamais pourvue d’une conscience artificielle. De plus, l’avènement de la conscience artificielle n’est pas synonyme de singularité.

Pour conclure, même si l’auteur est souvent décrié, je lui accorde le bénéfice de pouvoir poser des questions sociétales de grandes importances. J’ai par ailleurs déjà affirmer dans mes écrits (et là) la rudesse et l’incapacité de l’école à changer. Je l’expérimente à chacune de mes interventions dans les universités. Savoir capter l’attention est très importante car c’est le facteur commun avec le temps pour apprendre (cf. l’équation Idriss Aberkane). Les professeurs se doivent d’innover, trouver des nouveaux processus pour capter l’attention. L’inertie, la force des plateformistes change la société et les enfants savent s’adapter. La technologie nous ouvre la porte au fonctionnement du cerveau. Mixons tout cela pour que les élèves d’aujourd’hui, qui vivent dans la transréalité, soient les plus heureux dans le monde de 2080.

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